Augmenter le débit de chantier et réduire la consommation de la moissonneuse-batteuse, tout en préservant la fraîcheur dans le sol lors de la récolte des céréales, telle est la prouesse du constructeur britannique Shelbourne Reynolds avec sa barre effeuilleuse Stripper Header CVS. En effet, cet outil s’attelle à l’avant d’une moissonneuse-batteuse, à l’image de la barre de coupe traditionnelle. La coupe à sections et les rabatteurs sont troqués contre des doigts effeuilleurs afin de récolter uniquement les graines de céréales, laissant ainsi les longues tiges de paille debout, ancrées dans le sol. D’après le constructeur, cette méthode de récolte limite l’effet de capillarité et donc l’assèchement du sol. Elle convient en partie aux techniques culturales simplifiées grâce à la conservation des tiges dans le sol.
Un rotor à 8 rangées de doigts
Le Stripper Header CVS, d’une largeur de travail allant de 4,8 à 9,6 m, dispose d’un tablier central boulonné pouvant s’adapter aux différents modèles de moissonneuses-batteuses de chaque constructeur. Il se compose d’un rotor principal de 540 mm de diamètre, tournant dans le sens inverse de l’avancement de la machine pour assurer l’arrachage des grains dans l’épi. Ce rotor reçoit huit rangées de doigts de dénudage en acier inoxydable sur le diamètre, divisés en sections de 60 cm de large, soit 15 doigts par section espacés de 12 mm.

Lorsque le rotor tourne, l’épi se retrouve piégé entre les doigts. Ainsi, seuls les grains sont récoltés et transférés à l’arrière du Stripper Header, au niveau de la vis sans fin de recentrage de 610 mm de diamètre. Cette dernière assure l’acheminement du flux de récolte vers le convoyeur de la moissonneuse-batteuse.
Une alimentation mécanique
Comme pour la majorité des barres de coupe traditionnelles, le Stripper Header est entraîné sur le côté gauche par un arbre à cardans mettant en rotation une poulie. Celle-ci met en mouvement le rotor principal doté des doigts de dénudage, à l’aide d’une cinématique par courroie. En cabine, le chauffeur peut faire varier la vitesse de rotation de ce rotor de 420 à 800 tr/min en pilotant hydrauliquement la position du vérin de la poulie d’entraînement. Cette action modifie le diamètre de la poulie principale et donc le régime de rotation du rotor. La vis sans fin de recentrage, tournant à 180 tr/min, est, quant à elle, mise en rotation par ce même arbre à cardans, mais par le biais d’une chaîne de transmission protégée par un embrayage à friction.
Des doigts de dénudage agressifs ou fuyants
Les doigts de dénudage, de type « cuillère », du rotor principal disposent de deux positions. La première, dite « agressive », convient aux cultures dures comme le blé. Elle consiste à placer la pointe des doigts vers le haut de manière à effeuiller plus efficacement la culture, au risque de casser quelques grains. La seconde position, non agressive, est dite « fuyante » et se montre adaptée à la culture du riz ou des semences d’herbe. Elle se résume à installer la pointe des doigts vers le sol. Dans cette configuration, les grains seront arrachés plus doucement. Toutefois, certains d'entre eux peuvent rester dans l’épi après le passage de la machine. Pour obtenir le rendement de récolte idéal, le chauffeur doit alors trouver le meilleur compromis entre le régime de rotation des organes de la tête de récolte, la vitesse d’avancement de sa machine et la position des doigts.
Une casquette télescopique
En partie supérieure du Stripper Header prend place, sur toute la largeur de l’outil, une planche télescopique. Cette dernière, également appelée « casquette », a pour rôle de coucher légèrement la tête de la culture dans la direction du sens de la marche. Cela permet d’ajuster le placement des épis de la culture dans les doigts en cuillère du rotor. En fonction de la hauteur et du type de culture, le chauffeur adapte hydrauliquement, à l’aide de vérins, l'avancement de la casquette de manière à effeuiller un maximum de plantes. Sur une culture peu mature, par exemple, ce dernier sera plus agressif.
L'absence de paille diminuant la sollicitation des organes de battage et de séparation de la machine, la charge du moteur se voit elle aussi réduite, de 40 % selon le constructeur, abaissant ainsi la consommation de carburant. Dans une culture de blé à 95 q, une moissonneuse-batteuse à chenilles de 500 ch équipée d'un Stripper Header de 9,6 m de largeur peut atteindre une vitesse de travail de 9,5 km/h, selon la maturité de la récolte.