ETA Mao
Lannilis (Finistère)
Une bineuse Monosem Multicrop et une roto-étrille Einböck Aerostar-Rotation complètent depuis l'année dernière le parc de matériels de l’entreprise de travaux agricoles Mao, installée à Lannilis, dans le Finistère. Le choix de cette orientation fait suite à une demande émanant d’agriculteurs situés sur le bassin versant du Bas-Léon. « L’agence de l’eau Loire-Bretagne préconise de limiter les écoulements de produits phytosanitaires dans les captages d’eau et incite à utiliser des techniques alternatives de désherbage. Il nous semblait ainsi important de prendre cette direction », témoigne Jean-Pierre Mao, responsable de l’entreprise. Souhaitant investir au départ dans une bineuse dotée d’un semoir pour le semis de couverts végétaux sur l’interrang, l’entreprise de travaux agricoles acquiert en parallèle une roto-étrille, autrement appelée « étrille rotative ». La bineuse Multicrop de Monosem a la capacité de travailler sur six ou huit rangs grâce au déploiement ou non de l’élément de chaque extrémité.

Le gérant de l’entreprise l'a choisie en cohérence avec les semis de maïs effectués par les clients de l’entreprise. Cette machine présente des largeurs de travail de 4,5 et 6 m, et bénéficie d’un repliage hydraulique. Elle est munie de socs en « V », espacés de 75 cm, qui travaillent à 3 cm de profondeur. Disposant d’un châssis autodirigé permettant un déport latéral de plus ou moins 15 cm de chaque côté, elle comprend un système de guidage par caméra pour accompagner le suivi du rang par détection. Des palpeurs présents de chaque côté du rang de maïs remplacent la caméra lorsque les feuilles recouvrent le sol. Ces équipements améliorent ainsi la précision du travail et augmentent le débit de chantier. Une gestion des relevages hydrauliques des éléments par électrovannes, conçue en partenariat avec la société Ermas, favorise un contrôle en cabine manuel ou automatique via un terminal Isobus compatible avec la coupure de tronçon par GPS. Cette option facilite notamment le binage dans les pointes. Pour sa première saison 2020, l’ETA rapporte un débit de chantier de 2,5 ha/h à une vitesse de 8 km/h.
Une fenêtre d’utilisation plus large sur maïs
Avec l’étrille rotative Einböck, le désherbage s’effectue à l'aide de 60 roues en étoile inclinées par rapport à l’avancement et disposées en miroir (écartement entre les dents de 15 cm, diamètre de 500 mm et dents de 6,5 mm de diamètre). L’étrille rotative de 9 m de large réalise un désherbage superficiel tout en cassant la croûte de battance. Le chauffeur règle les paramètres de vitesse, de profondeur, via les roues de terrage, et d’agressivité des étoiles au moyen d’un vérin hydraulique. Pour sa première saison avec ce matériel, l’entreprise annonce un débit de chantier de 3 à 4 ha/h pour une vitesse de travail de 6 à 7 km/h. « Avec la bineuse Monosem, nous pouvons intervenir à partir du stade 3-4 feuilles du maïs jusqu’au stade 8-10 feuilles. Sa fenêtre d'utilisation est donc limitée, c’est pourquoi nous avons opté pour une roto-étrille en complément. Nous l’utilisons en pré-levée jusqu’au stade 6 feuilles du maïs. Elle permet aussi de désherber l’interrang, alors que la bineuse Monosem travaille au plus près du rang. Elle montre son efficacité de travail sur les adventices très jeunes, car nous retrouvons les filaments. Sur le plan agronomique, nous notons un meilleur réchauffement du sol caractérisé par un maïs plus vert », précise Pierrick Mao, second de l’entreprise.

Concernant l’itinéraire technique, l’expérience montre l’intérêt de réaliser deux passages avec la roto-étrille, soit avant la levée et au stade 3-4 feuilles, puis une ou deux interventions avec la bineuse selon la pression des adventices. L’entreprise peut également effectuer, si nécessaire, un traitement phytosanitaire en rattrapage. « Même si ces pratiques occasionnent un surcoût en comparaison d’un traitement classique, nous limitons toutefois l’usage des produits phytosanitaires. Ces deux outils mécaniques nécessitent une intervention sur un sol ressuyé. Avec la bineuse se pose le souci de la remontée des cailloux, c’est pourquoi les éléments sont montés sur ressort », souligne Jean-Pierre Mao.
Des perspectives à la hausse
La première saison d’utilisation 2020 est considérée comme expérimentale. La bineuse et la roto-étrille interviennent respectivement sur 200 et 60 ha de maïs sur un territoire élargi jusqu’à Commana, près des monts d’Arrée (massif montagneux dans le Finistère). Leur acquisition représente un investissement important, de quelque 50 000 € pour la bineuse et d'environ 32 000 € pour la roto-étrille. L’entreprise a bénéficié d’un appui financier à hauteur de 40 % de la part de l’agence de l’eau Loire-Bretagne, soit 30 000 €. « Nous souhaitons créer le marché pour rentabiliser ces matériels et visons la réalisation de 400 ha avec la bineuse et de 200 ha avec la roto-étrille. Les conditions sont plutôt favorables puisque ces matériels permettent de couvrir plus largement la demande de la clientèle », positive Jean-Pierre Mao.

L’entreprise assure ces prestations de désherbage alternatif pour le compte de clients installés en agriculture conventionnelle ou biologique, tout en continuant de proposer, en parallèle, des traitements phytosanitaires sur maïs. « Le désherbage alternatif est un service supplémentaire que nous leur apportons. Par ce biais, ils s’inscrivent dans les mesures agrienvironnementales destinées à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Limiter leur usage fait partie de leur réflexion pour répondre aux attentes sociétales. Les mentalités changent et les matériels évoluent », précise l’entrepreneur. Persuadé que la demande vers les techniques alternatives de désherbage va s’accentuer, il souhaite également aller dans ce sens, dans le respect de l’environnement et du voisinage. « Nous devons faire évoluer nos pratiques pour une meilleure gestion de l’eau et des intrants. Nos clients veulent des entreprises innovantes et dans l’ère du temps afin de mieux répondre à leur transition », conclut-il.