Juillet 2018, à Pannecé (Loire-Atlantique), un chauffeur de l’ETA Soreta est en train de presser de la paille quand il constate un départ de feu au niveau de la presse à haute densité. Il s’arrête aussitôt et vide son extincteur sur les flammes, mais cela ne suffit pas à éteindre l’incendie.

Heureusement, les pompiers arrivent assez rapidement et empêchent le feu de se propager à l’ensemble de la machine. Le pire est évité, et le matériel sauvé. Cet incendie est dû à une casse mécanique sur une pièce en mouvement, ce qui a entraîné un échauffement important du métal. La presse sera tout de même immobilisée 48 heures à l’atelier pour sa remise en état.
« Après cet incident, je me suis dit qu’avoir un extincteur était indispensable, mais pas forcément suffisant pour stopper complètement un incendie dans une botte en formation, explique Bertrand Robert, cogérant avec son épouse de l’entreprise Soreta. J’ai donc cherché une solution complémentaire. L’une d’elles était d’installer une cuve à eau anti-incendie sur le relevage avant. Mais, à l’époque, il n’existait pratiquement rien sur le marché, c’est pourquoi j’ai décidé d’en construire une moi-même afin d’équiper les trois presses de l’entreprise. »
Cuve provenant d’un ancien pulvérisateur porté
Un premier modèle est d’abord réalisé à partir d’un ancien pulvérisateur porté de 600 L dont il ne garde que la cuve et le châssis. Concernant l’attelage, aucune modification n’est nécessaire pour placer l’ensemble sur le relevage avant du tracteur. La pompe d’origine du pulvérisateur n’est pas adaptée, car son débit est trop faible. Bertrand Robert rachète donc à son concessionnaire une pompe mécanique offrant 200 L/min de débit, qu’il accouple à un moteur hydraulique récupéré sur une ancienne machine.

La pompe étant conçue à l’origine pour un entraînement par prise de force à 540 tr/min, un manchon adaptateur est trouvé chez Hydrokit pour assurer la liaison avec le moteur hydraulique. En sortie de pompe, l’entrepreneur branche un tuyau de 19 mm de diamètre d’une dizaine de mètres de longueur avec une vanne quart de tour. Le moteur est connecté à un distributeur hydraulique placé à l’avant du tracteur.

« Le montage est extrêmement simple, souligne Bertrand Robert. J’ai juste soudé un support sous le châssis du pulvérisateur pour placer la nouvelle pompe. L’eau est projetée jusqu’à 10 m, ce qui est largement suffisant pour arroser la presse, tout en restant à distance du feu. C’est le débit du distributeur hydraulique qui sert à ajuster la pression de sortie de l’eau. Comme cela me semblait efficace, j’en ai construit deux autres dans la foulée, car j’utilise sur l’entreprise une presse à balles rondes et deux presses haute densité à balles parallélépipédiques. Ainsi, les trois ensembles sont équipés. Sur l’un d’entre eux, j’ai installé un enrouleur industriel également acquis d’occasion. Sur les deux autres, le tuyau est enroulé sur un dévidoir métallique. »

Déjà deux incendies éteints
Si, depuis 2018, l’entreprise n’a pas connu d’incendie sur ses presses, les cuves ont tout de même déjà permis d’éteindre deux incendies : l'un provoqué par une faucheuse sur la bordure d'un champ voisin et l'autre le long de la route, déclaré sur le moyeu de roue d’une presse à balles rondes. Les cuves ne gênent pas la visibilité en cabine. Leur encombrement vers l’avant est de seulement 75 cm. Elles servent aussi de masses et rééquilibrent le tracteur.

Financièrement, l’entrepreneur estime que la fourniture du matériel nécessaire à chacune des installations lui a coûté moins de 500 € : un vieux pulvérisateur hors service se négocie aux alentours de 100 € sur Internet et les pompes à eau ont été achetées à 250 € l’unité.

Les moteurs hydrauliques ont quant à eux été récupérés sur d’anciens matériels présents dans le parc de l'ETA. Le montage complet nécessite moins d’une journée de travail. Désormais, les chantiers sont mieux sécurisés. En pleine saison, le chef d’entreprise et le personnel se sentent plus sereins.
