Spécialisée dans l’entretien des accotements routiers, la SARL Lancelot, installée en Ille-et-Vilaine, propose des prestations de fauchage, de débroussaillage et d’élagage. Depuis sa création en 2015, elle compte à son actif près de 3 000 km de routes – communales, départementales ou nationales – et d’autoroutes entretenues.
L’entreprise a rapidement pris de l’ampleur, comme en témoignent l’équipe de 21 salariés et le large parc de matériels incluant 21 tracteurs de 125 à 420 ch, 11 épareuses, des broyeurs de grande largeur avec tapis, des pelles sécateurs, des robots de pente… Yohan Lancelot, qui dirige la SARL avec sa compagne, Nadège, a récemment investi dans une débroussailleuse du fabricant allemand Mulag-Gödde dotée d’un système d’aspiration pour récupérer l’herbe coupée et la stocker dans une remorque ampliroll porte-caisson attelée derrière le tracteur. Cette biomasse peut ensuite être valorisée dans des unités de méthanisation et des plateformes de compostage.
« Cela faisait deux ans que j’envisageais cet achat pour m’impliquer davantage dans le secteur de l’environnement. Cette prestation s’inscrit totalement dans la logique de notre certification Qualiterritoires, argumente l’entrepreneur. En Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas, cette pratique est courante. Je souhaite développer ce marché pour l’entretien des routes communales et départementales, voire des autoroutes. L’herbe présente de la valeur en tant qu’engrais vert et mérite d’être réutilisée et revendue, compte tenu de son coût de ramassage. Des débouchés existent et restent à déployer. Ma compagne a obtenu sa capacité de transport, qui nous permet de répondre à des marchés publics pour des prestations de transport de marchandises. Nous pouvons ainsi nous positionner sur ce marché. »
Un ensemble polyvalent
Pour réaliser cette nouvelle prestation, l’ensemble comprend un tracteur dédié, un Fendt 724 Vario de 240 ch, une débroussailleuse Mulag-Gödde GHA 700, un système d’aspiration de l’herbe couplé à une turbine, ainsi qu’une remorque ampliroll Rolland. L’investissement total s’élève à 440 000 €.
« Cette machine présente l’avantage d’être compacte et homologuée à 40 km/h selon la réglementation française. De plus, nous pouvons dissocier l’ensemble en trois usages, à savoir le débroussaillage, avec le système d’aspiration ou en conventionnel, et le transport de copeaux ou de terre avec la remorque ampliroll, qui peut porter différentes capacités de caissons. Cette polyvalence nous permet ainsi de mieux amortir les matériels en lissant leur usage sur l’année », souligne Yohan Lancelot.
La tête de coupe GSK120 de la débroussailleuse est dotée d’un capot à ouverture hydraulique et d’un rotor muni de 32 couteaux cuillères interchangeables de type GBRM en acier traité. Elle est entraînée par un moteur hydraulique directement flasqué sur le rotor, ce qui limite l’entretien en raison de l’absence de courroies. Elle présente une largeur hors tout de 1,4 m et une largeur de travail de 1,2 m. La vitesse de rotation du rotor atteint 2 900 tr/min. Celui-ci comprend un carter d’aspiration arrière équipé de deux vis de centrage à vitesse réglable selon la quantité de matière à déchiqueter. Ce groupe de broyage est précédé d’un rouleau palpeur, de 168 mm de diamètre, avec des renforts soudés reliés à des lames de ressort.
Un suivi du terrain automatisé
Cet ensemble débroussailleuse-rouleau palpeur informe en continu sur la hauteur de coupe grâce à deux capteurs présents aux extrémités. Cette donnée est ensuite transmise à un calculateur qui commande les fonctions du bras. Le rouleau palpeur assure ainsi la pression d’appui au sol de la tête de coupe. Cette fonctionnalité limite l’usure des couteaux et le risque de casse du bras, et préserve aussi l’accotement. La régulation, entièrement automatisée, est gérée par le système optionnel de délestage M Tronic. Elle apporte une aide à la conduite, dispensant le chauffeur d’agir sur le joystick.
La tête de coupe, rattachée à une platine maintenue par deux vis, peut se décrocher rapidement, soit en moins de 5 minutes, pour être remplacée par un lamier, un sécateur ou une brosse. Avec le broyeur, l’herbe est coupée à une hauteur approximative de 10 cm par rapport au sol. Elle passe ensuite dans une vis sans fin, dont la vitesse de rotation se règle de 0 à 200 tr/min en fonction de la hauteur de l’herbe et de l’allure du tracteur. La matière est acheminée dans un caisson de 40 m3 via un tuyau d’aspiration, de 300 mm de section, couplé à une turbine entraînée hydrauliquement. Les débits d’aspiration de l’herbe et de refoulement assurés par cette turbine s’élèvent respectivement à 3,5 et 5 m3 d’air par seconde.
Le bras fonctionne sur les trois dimensions
Le bras standard gauche/droit de la faucheuse GHA 700, de 7,8 m de portée, est contrôlé par un joystick entièrement proportionnel. Il peut pivoter suivant un angle de 270° à gauche comme à droite grâce à la tourelle sur laquelle il est monté. Un télescope autorise son allongement de 7 à 7,8 m, selon les besoins. Un vérin situé à proximité de ce télescope pilote la fonction 3D pour garantir une meilleure visibilité lorsque le bras est avancé jusqu’à la roue avant du tracteur. La tête de broyage tourne sur son axe, à 230°, à l’aide d’un système de rotation hydraulique. Toutes les fonctionnalités sont assurées par des électrovannes et pilotées par le joystick. Enfin, un vérin favorise un débattement transversal du broyeur de +/- 50° pour faciliter le travail dans les fossés.
La remorque ampliroll Rolland de 21 t avec caisson de 40 m3 est accrochée au tracteur via une boule d’attelage semi-cylindrique Scharmüller de type K80. Elle bénéficie d’une suspension hydraulique, d’un freinage pneumatique homologué à 40 km/h et de deux essieux, dont un suiveur forcé. Elle comprend également une porte hydraulique et un système de report de charge. Si la distance à parcourir jusqu’au site du client est trop importante, le caisson peut être déposé au sol et repris par un camion.
« Grâce à l’homologation à 40 km/h de l’attelage, nous pouvons emmener l’herbe coupée assez rapidement sur les plateformes et optimiser ainsi les chantiers », met en avant l’entrepreneur.
Une centrale hydraulique indépendante
L’ensemble épareuse-soufflerie fonctionne avec une centrale hydraulique entraînée par la prise de force du tracteur au régime moteur de 1 300 tr/min. Celui-ci correspond au régime économique de 1 000 tr/min de la prise de force, soit 800 tr/min pour les pompes. Ces dernières, au nombre de trois, sont nécessaires pour mouvoir les différents éléments de la machine. L’une d’elles alimente le moteur hydraulique de la turbine avec un débit de 88 L/min. La pompe à signal de charge load sensing, dédiée aux mouvements du bras, fournit pour sa part un débit de 90 L/min sous une pression maximale identique à la première, à savoir 280 bar. La troisième pompe entraîne le groupe de broyage et requiert un débit de 88 L/min à une pression de 340 bar. En cabine, un boîtier gère la mise en route de la turbine et du rotor, la vitesse de la vis sans fin, la hauteur de coupe et le suivi du terrain.
Il assure également une maintenance préventive en indiquant la périodicité des changements de filtres et des vidanges. Il mémorise aussi le diagnostic des pannes survenues. Cette faucheuse-débroussailleuse aspiratrice avance à une vitesse de travail comprise entre 3 et 8 km/h, selon les conditions. Son débit de chantier avoisine les 4 km/j en plusieurs passages. L’entrepreneur voit de nombreux avantages à son utilisation, qui intervient du printemps jusqu’au début de l’automne.
« Nous avons fait le choix de la marque Mulag, car elle est réputée pour son expertise en matière de fauchage. La turbine permet notamment de travailler avec des gros volumes et en conditions humides grâce au diamètre du tuyau d’aspiration et au débit qu’elle fournit sans réduire celui du chantier. De plus, le bras, d’une portée maximale de 7,8 m, facilite le débroussaillage dans une grande diversité de situations, dont des talus importants ((hauts ? profonds ?…)) », observe Yohan Lancelot.
Susciter l’intérêt des clients potentiels
Pour faire connaître leur nouveau créneau, Yohan Lancelot et sa compagne, Nadège, ont organisé des portes ouvertes les 7 et 8 avril derniers au siège de l’entreprise.
« Nous sommes précurseurs, mais aussi dans l’attente des décisions du gouvernement. En Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, il est par exemple interdit de faucher sans aspirer l’herbe, ce qui n’est pas le cas dans l’Hexagone. C’est pourquoi nous suivons de près l’évolution de la réglementation environnementale, précise l’entrepreneur. Nous visons comme clients potentiels les communes, les départements et les sociétés d’autoroutes. Notre zone de chalandise s’étend aux départements de la Manche, de la Mayenne, de la Loire-Atlantique, du Morbihan et des Côtes-d’Armor. Certaines communes veulent avancer, et nous souhaitons en inciter d’autres à prendre cette direction. Pour facturer cette prestation, nous envisageons d’appliquer un tarif horaire au mètre linéaire, car nous rencontrons différents contextes d’intervention. Nous prévoyons trois années pour atteindre notre rythme de croisière et cinq ans pour rentabiliser notre matériel. Nous sommes optimistes car la demande est présente, et nous souhaitons l’anticiper en complétant notre parc de matériels. »