Mécanicien moto de formation, Johann Daverat a d’abord travaillé cinq années à Grenoble pour une célèbre marque de deux-roues, très appréciée des bikers, avant d’être embauché par un distributeur de matériels forestiers en 2015. Il découvre alors un nouvel univers pour lequel il se passionne rapidement. Souhaitant revenir s’installer dans son Limousin natal, il obtient un poste à la division Parcs et Jardins de la concession BL Pro. En 2020, fortement motivé par son goût d’entreprendre, il décide de créer sa propre société de services qu’il baptise « Épineux Débroussaillage ».
« Le nom désigne clairement le type de chantier que je réalise, explique Johann Daverat. Dès le départ, j’ai visé l’entretien de parcelles accidentées ou difficiles d’accès. C’est pourquoi je me suis équipé d’un robot à chenilles piloté par télécommande, afin de travailler dans les pentes et sur les terrains sensibles, notamment les zones humides. »
Parcelles en régénération naturelle
Le jeune entrepreneur démarre son activité en effectuant beaucoup de démonstrations. Il met en avant le respect des sols, l’usage d’huile biodégradable et les points forts du robot : travail en pente jusqu’à 55°, faible encombrement permettant de passer entre les souches, etc. Au départ, il capte surtout une clientèle composée de particuliers, propriétaires forestiers et agriculteurs qui lui confient l’entretien de leurs parcelles.
« On me demande souvent de remettre en état et d’agrandir des pâtures envahies de ronces et de genêts, ou de nettoyer un sous-bois avant une vente, commente Johann Daverat. Parallèlement à ces petits chantiers, j’ai pris des contacts avec des forestiers et des sylviculteurs. Mes prestations ont alors évolué progressivement avec, par exemple, une demande croissante pour l’entretien de jeunes plantations. Je suis aussi de plus en plus souvent sollicité pour des interventions sur des forêts conduites en régénération naturelle. »
Sur ce type de chantier, l’entrepreneur effectue des passages en « damier », avec des bandes débroussaillées et des carrés qu’il laisse intacts. L’objectif est de conserver les plus beaux spécimens qu’un gestionnaire forestier a sélectionnés au préalable.
25 à 30 km par jour
L’utilisation du robot demande une bonne condition physique. La télécommande a une portée de 150 m, mais, pour bien superviser l’action du broyeur, l’opérateur se déplace toujours en restant à proximité de l’engin. En marchant continuellement derrière le robot qui avance souvent à 4 km/h, Johann Daverat estime qu’il parcourt souvent de 25 à 30 km par jour, et très rarement en terrain facile. Une distance qu’il est amené à parcourir par tous les temps : vent, pluie, froid ou canicule. Pour éviter d’arrêter un chantier à cause d’une panne, l'entrepreneur emporte beaucoup de pièces de rechange et d’outillage dans son véhicule.
« C’est l’avantage d’avoir une expérience en mécanique, souligne-t-il. Stocker ces pièces a un coût, mais je suis capable de me dépanner tout seul, sur le terrain, dans pratiquement toutes les situations. Lors de mes interventions en pleine forêt, j’ai parfois plus d’une heure de déplacement sur des petits sentiers avant de pouvoir rejoindre les premières habitations. Revenir chez un réparateur me ferait perdre trop de temps. »
En plus des opérations de broyage, l’ETF réalise aussi des chantiers de débardage. Il s’est équipé pour cela d’une remorque légère dotée d’un groupe hydraulique autonome et d’une grue. L’ensemble est souvent tracté par un quad. Sur les sites les plus difficiles d’accès, la remorque est aussi parfois attelée derrière le robot sur lequel Johann Daverat a installé un attelage de sa fabrication. Elle dispose d’une assistance hydraulique pour franchir plus facilement les passages difficiles.
« J’entame ma quatrième année de chantier, ajoute l’entrepreneur. Actuellement, j’effectue pratiquement 1 000 heures de robot par an, ce qui correspondait à mon objectif de rentabilité. J’interviens dans un rayon de 100 à 150 km autour de chez moi. Les prestations que je propose en zones humides ou sensibles répondent à une réelle demande sur le terrain. Le milieu forestier souhaite en effet faire évoluer les pratiques, en prenant davantage en compte la sensibilité du milieu, et c’est une bonne chose. »