Une fois passée le centre-ville de Rouen, la Seine dessine son estuaire, encadré par de nombreuses installations portuaires sur une dizaine de kilomètres de rive. Parmi ces infrastructures, plusieurs sites sont dédiés à l’export de produits agricoles, tels que le sucre ou les céréales. Sénalia fait partie des entreprises disposant du plus grand nombre de silos, avec trois entités réparties sur les deux rives du fleuve. Elle réalise la logistique de réception, de stockage et de chargement pour l’export des récoltes collectées par différents organismes stockeurs situés dans la moitié nord de la France. Pour découvrir le fonctionnement de ce type d’installation, je me suis rendu à Grand-Couronne (Seine-Maritime) où la société a récemment renouvelé ses installations de chargement de bateaux. Ce site dispose d’une capacité de stockage de 250 000 t. Il accueille du blé, de l’orge ainsi que du colza. La réception s’organise selon trois modes : poids lourds, trains céréaliers ou péniches. L'arrivée des premiers, la plus fréquente, peut représenter jusqu’à 700 véhicules par jour. Chaque remorque est échantillonnée puis pesée avant d’être envoyée vers l’une des six fosses de réception.

Parallèlement, un train céréalier peut être déchargé. Ce type de transport représente encore 12 % des flux entrant à Grand-Couronne. Enfin, la réception peut s’opérer via des péniches. Le site dispose d’un équipement de déchargement capable d’accueillir des ensembles de 200 à 5 000 t.

Le transport par voie fluviale est en forte croissance depuis cinq ans grâce à la mise en place de navettes de massification. Les péniches sont réservées pour plusieurs voyages, optimisant ainsi les coûts. Elles représentent aujourd’hui 25 % du volume de céréales transitant par Sénalia. Celles-ci se dirigent ensuite vers l’une des centaines cellules du site. La répartition s’opère depuis un bureau, semblable à une tour de contrôle, où le salarié observe la dizaine d’écrans de surveillance.

Jusqu’à 10 lots par an et par cellule
En vue de la future vidange des silos, chaque lot est réparti en trois. En effet, pour obtenir un débit de vidange maximal, le site doit utiliser simultanément trois convoyeurs alimentant chacun un portique. Ces derniers sont flambant neufs. Sénalia a inauguré ses nouvelles installations au cours de l’hiver passé. Cet investissement autorise l’accueil des bateaux de plus grosse capacité et permet de charger plus rapidement, tout en diminuant les émissions de poussières. Le nouveau quai, d’une longueur de 170 m, dispose de trois portiques Neuero pouvant charger 3 000 t/h chacun.

Ces derniers se pilotent depuis la cabine ou au plus proche du point de chargement, grâce à une radiocommande. Leur flèche de 25 m s’oriente à 180° et s’incline de +/– 10° pour atteindre tous les coins des cales de chargement. Le tube, au bout de la flèche, dispose d’une partie télescopique pour descendre au plus près du tas. Il s’équipe d’un système antipoussière afin de diminuer les émissions.

Une fois chargés, les bateaux prennent le plus fréquemment la direction de l’Algérie, du Maroc, de pays de l’Union européenne ou encore de l’Arabie Saoudite. Un site comme celui de Sénalia permet à l’agriculture française d’exporter ses productions vers différentes régions du globe.