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Energies alternatives  Tout savoir sur la préparation avant le montage d'une éolienne

Le chantier du parc éolien de la Croix-Saint-Marc, à Ottange (Moselle), s'est achevé mi-2018 avec le montage des éoliennes.
Le chantier du parc éolien de la Croix-Saint-Marc, à Ottange (Moselle), s'est achevé mi-2018 avec le montage des éoliennes. (©CIP Médias)
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Comme un pied de nez à la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) située à seulement 25 km de là, le parc éolien mosellan de la Croix-Saint-Marc, près d’Ottange, vient d’entrer en service. Matériel Agricole vous fait découvrir la phase de montage de ce chantier hors normes.

Ce matin-là, le vent souffle timidement sur le plateau de la Croix-Saint-Marc, à Ottange (Moselle). C’est pourtant à cet endroit, à deux pas de la frontière luxembourgeoise, que les collectivités locales ont décidé d’implanter un parc de huit éoliennes. De l’avis des ingénieurs, le site présente un potentiel intéressant pour la production d’énergie électrique. Ce projet de 16 MW représente un investissement de 24 M€. Il fut initié en 2010 avec la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette et des investisseurs privés. « L’État encourageait alors ces initiatives à travers les zones de développement de l’éolien terrestre [ZDET], alors mentionnées dans la loi Grenelle II, et supprimées entre-temps, se souvient Fabienne Menichetti, maire d’Ottange et élue du conseil communautaire. Notre communauté de communes a donc lancé un appel d’offres pour ce projet. Au départ, nous avons bien sûr enregistré quelques contestations. Sur ce plateau, les 500 m de distance minimale réglementaire entre une éolienne et les habitations sont largement respectés, car les maisons les plus proches se trouvent à 750 m. » Le parc s’étend sur une zone de 150 ha. Afin d’éviter les turbulences, la distance minimale à respecter entre deux mâts correspond en effet à six fois le diamètre d’un rotor, soit 600 m. 

Un an de travaux préparatoires

Sur le terrain, les travaux préparatoires relatifs au montage des éoliennes ont duré un peu plus d’un an. « Le chantier est réparti en plusieurs lots, détaille Mickaël Gaudel, chargé de construction pour la filiale française d’Ostwind, société spécialisée dans l’exploitation de parcs éoliens (cf. encadré). Il comprend notamment les travaux de terrassement, les fondations, le raccordement des éoliennes, l’installation du poste de livraison haute tension et le lot machine. La phase de terrassement, indispensable à l’acheminement des différents éléments de l'éolienne dans de bonnes conditions, a duré 16 semaines. Pour la piste, par exemple, le constructeur préconise une largeur minimale de 5 m et des virages de 30 m de rayon minimum. » Ces aménagements se prolongent parfois par des travaux d’amélioration du sol. Eurovia, le prestataire choisi, a aménagé les 31 000 m2 de chemin et d’aires de grutage du chantier, puis recouvert ces surfaces de 49 000 t de matériaux granulaires. Les dimensions de la plateforme stabilisée, située à proximité de chaque fondation, sont elles aussi normalisées : 35 m de large et 20 m de long. Cette aire de grutage est destinée à recevoir les engins de manutention chargés du montage de l’éolienne. Elle doit respecter une portance de 100 MPa/m2, soit environ 10 000 t/m2. Les patins stabilisateurs des équipements de levage concentrent en effet la masse de l’élément soulevé et celle de la grue. Cette dernière pèse à elle seule 350 t, dont plus de 200 t de contrepoids. Une fois cette phase achevée, une entreprise spécialisée prépare la fondation de chaque éolienne, en décaissant au préalable un cylindre de 22 m de diamètre sur 3 m de hauteur. Chaque aérogénérateur est ancré au sol sur une assiette de 19 m de diamètre. Ce bloc massif armé par 50 t d’acier est formé de 468 m3 de béton. Cet imposant socle est alors recouvert d'un remblai. Après que le maître d’ouvrage a organisé le raccordement des éoliennes et l’installation d’un poste de livraison haute tension, le chantier est prêt pour la phase de montage.

Deux semaines avant le montage, la première section de chaque mât (à droite) est boulonnée sur la fondation.
Deux semaines avant le montage, la première section de chaque mât (à droite) est boulonnée sur la fondation.

 

Grue levant 800 t

Pour ce parc éolien, les opérations de montage proprement dites ont duré un mois. Cette phase du chantier mobilise une quarantaine de personnes, dont une vingtaine de monteurs et une petite dizaine de grutiers. Tous s’affairent pour assembler les différents composants de chaque éolienne (voir encadré). « Quand tout va bien, l’érection d’une éolienne ne prend pas plus d’une bonne journée, explique Mickaël Gaudel. Le montage de deux unités est espacé de deux ou trois jours, le temps de déplacer les matériels pour préparer l’opération suivante. » Les neuf éléments qui composent chacune des éoliennes proviennent de divers lieux de fabrication. Les parties en acier formant le mât, fabriquées dans l’agglomération dijonnaise, sont transportées en convoi exceptionnel jusqu’au lieu de montage. Des porte-chars, de quatre à sept essieux, attelés à des tracteurs routiers de 540 à 700 ch de puissance les acheminent à la vitesse maximale de 50 km/h. Le trajet pour atteindre la frontière luxembourgeoise prend de deux jours à deux jours et demi pour chaque élément. 

Deux semaines avant le montage final, la première section de chaque mât est érigée à l’aide d’une grue télescopique dédiée. Long de 15,8 m, ce cylindre creux pèse 64 t. Des monteurs boulonnent alors cette pièce de 3,9 m de diamètre sur la fondation. En vue du montage des autres éléments, le maître d’ouvrage mobilise, pendant quatre semaines, une gigantesque grue treillis capable de lever 800 t. Celle-ci est assistée d’une seconde grue à flèche télescopique de 100 t de capacité lors de la phase de levage horizontal des éléments du mât. 

La phase d’assemblage des éléments d’éoliennes, organisée par le constructeur Vestas, a mobilisé une quarantaine de personnes.

La plus grande redresse ensuite l’élément à la verticale et porte le cylindre à son emplacement final, à une hauteur pouvant atteindre près de 100 m. L’acheminement de la grue treillis a nécessité pas moins d’une trentaine de semi-remorques. Son montage intégral, comme son démontage, requiert une petite semaine. « Tout doit être préparé pour le jour J, précise le chargé de construction. Le coût journalier atteint en effet 10 000 € rien que pour cette grue-là et son équipage ! » Son fonctionnement est toutefois soumis aux conditions climatiques. Par mesure de sécurité, les opérateurs renoncent à son utilisation lorsque la vitesse du vent dépasse 10 m/s.

Deux des trois grues sollicitées déchargent de façon synchronisée l’un des fûts composant le mât.
La grue treillis de 800 t élève successivement les éléments composant le mât.

 

Le dernier élément du mât, de forme conique, pèse 34 t pour une longueur de 24 m. Il précède l’installation du moyeu (18 t) et de la nacelle pesant à elle seule 68 t. Il reste alors à installer les pales en fibre de verre, acheminées de nuit depuis le port d’Anvers (Belgique). Une fois hissées en haut du mât, elles sont boulonnées à l’horizontale. Aux opérations de montage se succèdent le câblage interne, la préparation des éléments et la phase de tests.

Pesant de 70 à 80 t, la nacelle qui abrite la génératrice prendra place sur le mât, derrière les trois pales.

 

100 000 €/an pour la commune

La mise en service du parc a tout juste eu lieu fin juin 2018. « Le coût d’une éolienne montée avoisine les 3 M€, estime Mickaël Gaudel. Sa durée de vie est évaluée par le constructeur à 20 ou 25 ans, pour un temps de retour sur investissement d’environ 15 ans. » Les exploitants impactés par le projet ont déjà bénéficié d’un dédommagement financier consécutif à la création des infrastructures. Un loyer leur sera également versé. « Cet investissement durable devrait produire l’équivalent de la consommation en énergie des deux tiers des habitants de notre collectivité, se réjouit Fabienne Menichetti. La communauté de communes devrait ainsi engranger 40 000 € annuellement. Par ailleurs, le parc éolien rapportera chaque année environ 100 000 € à notre commune. » Dans un village de 3000 habitants dont le budget s'élève à près de 2,6 M€, voilà de quoi mettre du beurre dans les épinards !

 

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