Matériel Agricole : Comment voyez-vous votre métier dans le futur ?
David Delivert : Tout comme nos clients, nous constatons une profonde restructuration dans le monde agricole. Les exploitations s’agrandissent, ce qui permet de diluer les charges sur des volumes plus importants. Les concessions doivent suivre cette évolution et apprendre à grandir en même temps que leurs clients. Nous devons arriver à faire travailler ensemble des gens qui se comprennent avec, d’un côté, des agriculteurs de plus en plus soucieux d’utiliser leurs matériels agricoles à 100 % de leurs capacités et, de l’autre, des techniciens capables d’accompagner cette évolution des machines.
M.A. : Quels sont, selon vous, parmi vos problèmes quotidiens, ceux qui seront résolus demain par la technologie ?
D.D. : La connectivité des machines est un facteur essentiel dans l’évolution de notre métier. La remontée d’informations nous permettra d’être plus proactifs dans les diagnostics. Nous pourrons également prendre la main à distance afin d’accompagner les clients dans l’utilisation des machines. La connectivité nous aidera aussi grandement dans la planification des interventions chez le client ou à l’atelier afin de minimiser l’impact sur l’activité.
M.A. : Qu’est-ce que la robotisation vous inspire ?
D.D. : La robotisation s’avère être un véritable défi pour les concessions. Je la vois comme une solution complémentaire pour répondre à certains besoins spécifiques des agriculteurs. L’automatisation de certaines tâches, par exemple la traite, l’alimentation des troupeaux, le binage ou le travail du sol, peut compenser le manque de main-d’œuvre dans les exploitations. Elle permet également de faire grandir les structures, tout en restant à taille humaine. Du côté concessionnaire, nous devons apprendre à accompagner cette montée en puissance de la robotique, que ce soit au niveau du conseil lors de l’achat ou en termes de service après-vente. Nous devrons sans doute créer des postes et recruter dans des métiers que nous ne connaissions pas jusqu’alors, avec peut-être des électrotechniciens capables de suivre cette transition.
M.A. : Quelle est, selon vous, la concession type du futur ?
D.D. : Selon moi, l’avenir appartient aux concessions qui sauront grandir en conservant des points ancrés dans des territoires avec une identité qui correspond au terroir, avec des collaborateurs et des clients qui se comprennent, tout en offrant une force groupe. Une entité unique qui rayonne sur plusieurs départements sous un même nom perd forcément l’adhésion des clients et des collaborateurs. Un personnage de l’histoire de France avait dit que gouverner un pays où il existe 246 variétés de fromages était un exercice délicat. Nous ne pouvons que constater qu’il avait raison.
M.A. : Si le climat évolue selon les prédictions des scientifiques, quel(s) changement(s) voyez-vous dans votre domaine ?
D.D. : En partant du postulat que le climat tend à se réchauffer, nous pourrions imaginer que les spécificités territoriales évoluent, avec des cultures spécialisées migrant du sud vers le nord. Nous verrons peut-être arriver des cultures de type blé dur, ou le vignoble auvergnat prendre une autre dimension dans nos montagnes du Puy-de-Dôme d’ici 50 à 100 ans. Nous devrons alors nous adapter pour répondre à des besoins différents en termes d’équipements. Il nous faudra intégrer de nouvelles compétences pour accompagner ces changements.