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Essai chargeuse  Bobcat L85 : Un félin agile et silencieux

(©J.M.)
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Sur le papier, la chargeuse articulée L85 de l’Américain Bobcat avance ses arguments : 68 ch, 3 m de hauteur de levage au point de pivot, largeur de 1,8 m… Ces attributs semblent rendre notre félin agile pour assurer la manutention en se faufilant dans les moindres recoins d’une ferme d’élevage. Pour le vérifier, nous nous sommes rendus en Normandie, sur l’exploitation du centre de formation en élevage de Canappeville (Eure). Au programme, chargement de fumier et divers travaux de manutention.

Un engin de manutention est bien souvent le « prolongement du bras » de l’agriculteur. Il doit être maniable et facile à prendre en main. Alors, qu’en est-il de cette chargeuse Bobcat L85 à bras non télescopique ? Sur le papier, elle affiche des caractéristiques alléchantes, comme un moteur de 68 ch, un bras de levage atteignant plus de 3 m au point de pivot et une capacité de 2,3 t. Suivez-moi à bord de cette L85 pour une journée de manutention sur l’exploitation du centre de formation en élevage de Canappeville, dans l’Eure. De prime abord, j’apprécie la cabine vitrée à quatre montants. Elle est facilement accessible à l’aide d'un marchepied à deux niveaux sécurisé par des poignées. Une fois à bord, les commandes tombent sous la main. À mes pieds, deux pédales comme au karting ! L'une pour freiner et l'autre pour accélérer. Il n’y a pas de vitesse à passer, et seulement deux gammes au choix : lièvre ou tortue, commandées par un simple bouton sur le joystick. La première est prévue pour la route et permet d'avancer à 40 km/h, et la seconde pour les manœuvres au travail. L’inverseur, quant à lui, est à portée d’index, derrière le joystick dédié à la manutention. Ce dernier prend place sur l’accoudoir de droite. En plus du traditionnel levier en croix pour la manutention, des boutons présents sur le joystick commandent les troisième et quatrième fonctions, ou encore la transmission ainsi que le blocage de différentiel. Pour notre essai, Bobcat a mis à notre disposition un godet à terre de TP et des fourches à palette. Pas de quoi réaliser de vrais travaux de manutention dignes d’une exploitation d’élevage, mais pas le choix ! Je tourne la clé, et me voilà parti. Bien que, à la ferme, chez moi, je sois habitué au chariot télescopique pour effectuer les tâches de manutention, force est de constater que la chargeuse Bobcat L85 se prend aisément en main. En quelques manœuvres, je me fais à l’articulation centrale ainsi qu’au poste de conduite au centre de l’engin, ce qui est assez similaire, finalement, à un tracteur équipé d’un chargeur.

Avec sa cabine à quatre montants et une assise en hauteur, la chargeuse offre une bonne visibilité générale. (© J.M.)

La maniabilité : force majeure de la Bobcat L85 ?

Lorsque je commence à manœuvrer avec la chargeuse, je suis rapidement surpris par sa maniabilité. J’en profite pour régler le volant, le siège et l’accoudoir qui, oui, est également réglable ! La colonne de direction s'ajuste en profondeur et en inclinaison. Une fois installé à ma guise, je poursuis la prise en main de ce félin de 68 ch et de 2,3 t de capacité de levage. Comme toute chargeuse articulée en son centre, là où l’avant passe, l’arrière suit. Au début, je me retournais pour jeter des coups d’œil ou regardais souvent dans les rétroviseurs – aisément réglés en ouvrant la porte – afin d’assurer mes déplacements. Après plusieurs manœuvres, j’ai mes marques. Au final, cet engin se prend vite en main. Bobcat annonce un braquage de 40°, et cela se ressent dans les mouvements. À mon sens, la machine braque très court. Lors de mon premier chantier de la journée, qui consiste à remonter un tas de fumier à l’extérieur, je ne dispose que de quelques mètres entre ce tas et le mur de la stabulation. Pour autant, je n’ai pas manqué de place. La machine se faufile très bien dans la zone exiguë à ma disposition. De surcroît, la caméra de recul permet de manœuvrer sans souci et ainsi d’exploiter pleinement l’espace disponible. Un gabarit restreint, un rayon de braquage court et la présence d’une caméra de recul sont les trois éléments favorisant la maniabilité de la Bobcat.

La chargeuse articulée Bobcat L85 d’un poids de 5 t est un engin relativement compact et peu encombrant. (© J.M.)

Pas peur des grosses charges

Malgré un outil de TP, peu adapté dans du fumier, j’arrive petit à petit à prendre des godets de plus en plus gros. De quoi tester la stabilité de l’engin. En effet, bien que ces derniers soient généreusement chargés, l’arrière de la machine reste au sol. J’aurais aimé pouvoir apprécier le comportement de cette machine de 5 t avec une vraie benne multiservice et une bonne pincée de ce fumier alourdi par l’eau de pluie. Avec mon godet à terre de 1,9 m de large, je reste tout de même vigilant. Pour le reste, j’apprécie le moteur à quatre cylindres. L’accélérateur réagit assez vite sous mon pied, mais la transmission hydrostatique met un temps de latence avant de générer tout son potentiel. Je joue alors du bennage-cavage. Quand je tape dans le tas, la force d’arrachement apparaît élevée. La machine n’éprouve aucun mal à caver l’outil qui creuse le fumier, me permettant de bien le remplir une fois le coup de main pris.

Avec sa hauteur de levage d'à peine plus de 3 m, le brancard, non télescopique, montre vite ses limites sur le sommet du tas de fumier. (© J.M.)

Une hauteur d’action limitée

Au fur et à mesure du travail, je constate que la hauteur de levage est relativement restreinte pour remonter correctement l’imposant tas de fumier qui, avec le temps, s’est étendu sur presque toute la surface de la place. En effet, le brancard n’étant pas télescopique, je me retrouve limité sur le plan de la hauteur de manutention. Je parviens difficilement à remonter mes godets de fumier suffisamment haut. Par ailleurs, l’essieu avant de la machine vient vite buter contre le pied du tas. Je ne parviens donc pas à le remonter aussi haut que je le voulais au départ. Une fois ma mission remplie, je me dirige vers l’un des salariés de l’exploitation pour qu’il me propose une autre tâche.

Hauteur de levage : une vraie limite sur une ferme ?

Ce dernier m’annonce d’emblée qu’il a pris cette machine rapidement en main. Bien que lui, tout comme moi, soit habitué aux chariots télescopiques. Cependant, c’est la hauteur de levage limitée qui vient très vite sur la table. En effet, le travail de manutention le plus récurrent sur cette exploitation repose sur le chargement de la mélangeuse pour l’alimentation des bovins. Leur machine, un bol RMH Mixell 202 BS, culmine en effet à 3 m de haut. Cette tâche semble compromise avec la L85, atteignant tout juste la limite de la hauteur requise. En effet, pour parvenir à verser un godet dans le bol avec la chargeuse, il est nécessaire de lever le bras au maximum, passer doucement au-dessus de la mélangeuse, vider le godet et bien penser à le redresser avant de reculer ! Par ailleurs, il n’est pas possible de charger la mélangeuse en son milieu. Je fais effectivement le test et, très vite, le bras de la Bobcat tape dans la paroi de la machine si j’avance trop. Il faudrait charger ainsi un côté, puis l’autre. Cette manœuvre me semble trop contraignante, et je crains également d’abîmer le bol tout autant que la chargeuse. Je décide donc de changer d’outil et d’accrocher les fourches à palette.

Même lors de travaux de manutention, comme ici avec un big bag sur une palette, la visibilité frontale reste bonne. (© J.M.)

Changer d’outil sans descendre de la cabine

En début d’après-midi, je m’affaire à déplacer des palettes, chacune d’elles recevant un big bag d’engrais. Les allers-retours s'effectuent sans difficulté et sans que le chargement ne bouge. Depuis le poste de conduite, ma position en hauteur m’offre une vue imprenable sur l’avant de la machine et sur son chargement. Alternant les travaux au fil de la journée, j’apprécie également l’interface Quick-Tach de la chargeuse. En effet, cet équipement me dispense de descendre de la machine pour verrouiller les outils, l'attelage électro-hydraulique se contrôlant depuis la cabine. Il me suffit d’appuyer sur un bouton et de jouer avec le joystick pour verrouiller ou déverrouiller le godet. Bien évidemment, n’employant pas d’outil avec une troisième fonction, je n’avais aucun besoin de descendre pour connecter ou déconnecter les prises hydrauliques. La bonne visibilité depuis la cabine me permet, en un coup d’œil, de vérifier que l’attelage est bien verrouillé et sécurisé. Après une bonne journée au volant de cette chargeuse, j’apprécie sa prise en main rapide, l’accès aisé au poste de conduite et la simplicité des commandes. Je reste néanmoins frustré de ne pas avoir eu d’outils « agricoles » plus appropriés pour tester ce félin sur une ferme d’élevage.

Les déplacements sur les chemins autour de la ferme se font relativement sereinement. Le siège suspendu et l’accoudoir solidaire confèrent en outre un certain confort. (© J.M.)

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