
Krone nous a donné rendez-vous dans la Lozère pour la prise en main de sa dernière génération de combinés presses-enrubanneuses Comprima. Dans les coteaux de Marvejols, nous avons rendez-vous sur une parcelle d’Arnaud Bestion, éleveur et entrepreneur spécialisé dans la récolte de fourrages. Ce dernier, propriétaire de la génération précédente du combiné presse-enrubanneuse, nous apportera son expertise et son point de vue sur cette nouvelle machine. De mon côté, je découvre le concept des Comprima qui recourt à des barrettes reliées à deux sangles pour la confection et le serrage des bottes. Baptisé « Novogrip », ce concept est propre à ces modèles de presses chez Krone. Dans la gamme des combinés, deux modèles existent : d’un côté, le CV 150 XC, offrant une chambre variable de 100 à 150 cm utilisant deux tapis Novogrip pour le serrage du cœur de botte jusqu’à l’extérieur de celle-ci ; de l’autre, le CF 155 XC, avec sa chambre fixe à diamètre variable, pouvant créer des bottes de 125 à 150 cm de diamètre avec un seul tapis à sangles et barrettes. Ces deux modèles se déclinent également dans une version « Plus ». Celle-ci améliore le débit de chantier grâce à des automatismes permis par une connexion à signal de charge Power Beyond associée à la technologie Isobus, à un transfert de balle accéléré à l’aide d’un nouveau pousseur et à une vitesse de 40 tr/min pour les satellites d’enrubannage. Pour notre essai, Krone a mis à notre disposition un combiné CF 155 XC Plus. Les lettres « XC » signifient que la machine est équipée d’une cassette à couteaux. Cette dernière peut en contenir 17 ou 26, pour des longueurs de coupe théorique de 5 ou 7 cm. Notre machine en embarque 17.
Réglage du diamètre sans outil
Je relie la presse au tracteur via l’arbre à cardans de la prise de force, dont le régime est réglé à 540 ou 540 Eco tr/min. Pour l’hydraulique, un distributeur à simple effet permet de contrôler la position du pick-up, mais il sert aussi aux manipulations de la cassette à couteaux. Je connecte ensuite les trois prises hydrauliques au Power Beyond nécessaire à toutes les fonctions de la machine, à savoir l’ouverture de la porte, le transfert de la botte, le cycle d’enrubannage et le mouvement de la table d’enrubannage. Avant de partir presser, il faut régler le diamètre de botte sur 135 cm (consigne de l’entrepreneur). Pour ce faire, je passe derrière la presse et déplace une bride dans l’un des huit perçages du secteur à trous sur le bras du balancier de la chambre de pressage. Chaque perçage le long de ce bras correspond à un diamètre de botte qui varie de 5 cm en 5 cm. Je règle ensuite la position du pick-up via la chaîne. Grâce à sa suspension, je le pose simplement sur les roues qui assurent un suivi de sol sur sa largeur de 2,15 m DIN avec un débattement de + ou – 7 cm de chaque côté. Pour la sélection du nombre de couteaux, la manipulation se réalise depuis la cabine puisque, dans le cas de notre machine, la cassette qui les accueille se pilote hydrauliquement. Selon les consignes données, j’en sélectionne alors neuf depuis le terminal afin d’obtenir des brins théoriques de 12,5 cm. Sous les capots latéraux de la presse, je retrouve une réserve de six rouleaux de film plastique de chaque côté, de quoi faire une belle journée. Un autre emplacement à l’avant de la machine est également disponible pour le filet ou le film de liage. Les axes basculants qui les reçoivent facilitent grandement leur prise en main. Je me saisis d’un rouleau de film dédié au liage de la balle dans la chambre pour l’installer sur la presse. La manœuvre est simple et rapide depuis le sol, de quoi limiter les temps d’arrêt technique. Même constat pour l’unité d’enrubannage. Changer les rouleaux de film sur les deux satellites ne prend que quelques minutes. Le reste des réglages s’effectuant depuis la cabine, je referme les capots et monte à bord du Valtra T235 mis à disposition par Krone.
Prise en main rapide
Une fois à bord, je découvre trois écrans, le terminal tactile du tracteur, celui de la presse (un CCI 1200 de 12”) et un troisième pour des caméras. Grâce à la connexion Isobus, je peux régler comme je souhaite les différents affichages pour avoir des informations relatives au tracteur, d’un côté, et à la presse, de l’autre. L’agencement est donc à la carte, même si, à titre personnel, je préfère les avoir toutes à un seul endroit. Les réglages du combiné Comprima s’effectuent sur une interface claire. La navigation dans les menus est fluide, même pour les non-initiés comme moi. Je règle notamment le nombre de tours de film pour le liage de la balle et celui des couches de film pour l’enrubannage (le nombre de tours des satellites se calculant automatiquement en fonction du diamètre de la balle). Dès le début de la journée, je sélectionne le mode de conduite automatique de la presse activant le liage, le transfert de la botte vers la table, le déclenchement de l’enrubannage et le déchargement. C’est parti, je démarre l’ensemble et me lance dans les andains. Bien qu’il s’agisse de la deuxième coupe de foin, ceux-là se montrent bien fournis. Je roule d’abord doucement pour prendre mes marques, le pick-up sans cames me mettant rapidement en confiance. La répartition des dents en « W » étale bien la matière sur la largeur. Même si je prends l’andain sur le côté, cette configuration limite la quantité de foin au niveau des vis de recentrage. Petit à petit, j’augmente la cadence et me rends compte de la capacité de la machine à avaler le fourrage ! Dans tous les cas, je découvre (en bourrant intentionnellement) le système de sécurité à cames et la rapidité de la procédure de débourrage, via le fond de rotor connecté au pick-up qu’il suffit d’abaisser pour laisser passer le bloc. Cela me permet de tester « les limites » de la machine. La parcelle étant de petite taille, je dois surveiller devant et derrière rapidement. Pour m’aider, le terminal me conseille de changer ma position sur l’andain pour confectionner une botte homogène. Ensuite, comme toute la partie concernant le transfert de la botte et l’enrubannage est automatisée dans le mode de travail que j’ai choisi, je peux me concentrer sur le pick-up et sa position sur l’andain. Un réel atout pour le chauffeur, surtout quand il y a beaucoup de matière. Je me contente de m’arrêter lorsque le terminal m’annonce, d’un bip, la fin de la confection de la botte. J’ouvre simplement la porte, réglée ici en mode manuel, et repars quand la balle est sortie, le transfert vers l’enrubanneuse étant automatique (à noter que la porte peut également s’ouvrir automatiquement lorsque le liage est terminé). Un gain de temps et surtout de confort, puisque je n’ai pas à effectuer de manipulations toutes les minutes. Un mode manuel est cependant disponible. Le module d’enrubannage, quant à lui, ne ralentit pas le chantier. En effet, le régime annoncé des satellites, de 40 tr/min, permet d’enrubanner la botte suffisamment vite pour être prêt à accueillir la suivante.
À l’épreuve des pentes
Le champ de la démonstration présente un dévers irrégulier, de quoi tester la stabilité de l’appareil. Celui-ci repose sur un essieu tandem de série, ce qui limite le tassement du sol et améliore le comportement du combiné dans les pentes. En outre, la table de transfert de la botte dispose d’un mode dit « alpin » s’activant d’un simple clic sur le bouton du même nom au niveau de la console. Lorsque je l’active, le basculeur se maintient en position basculée pendant que la table d’enrubannage manœuvre pour forcer le transfert de l’une vers l’autre dans les coteaux.
Entretien simplifié au maximum
À la fin de la journée, il est l’heure de souffler et de faire l’entretien quotidien de la presse afin que la machine soit opérationnelle pour la prochaine démonstration. Un espace sous l’un des capots latéraux permettra au chauffeur de glisser un souffleur de feuilles dans la presse. De quoi débarrasser la machine des poussières. La lubrification des chaînes et paliers est centralisée et automatisée. Le réservoir doit être rempli d’huile toutes les 700 bottes. Le débit est réglable point par point. Le graissage est lui aussi centralisé et consomme une cartouche toutes les 450 balles. Seuls quelques graisseurs sur le combiné restent individuels, dont ceux du pince-film qui ne nécessitent qu’une intervention toutes les 200 heures de fonctionnement. Le temps alloué à l’entretien de la machine est donc réduit à moins de 30 minutes chaque jour, selon le fourrage récolté.