Essai tracteur  Essai du Lindner Unitrac 122 LDrive : un transporteur à l’épreuve des montagnes

Les quatre roues motrices permanentes, les six disques de frein ventilés et les deux stratégies de la transmission LDrive, dont un frein moteur et un rapport figé, de l'Unitrac contribuent à la sécurité lors des travaux en pente.
Les quatre roues motrices permanentes, les six disques de frein ventilés et les deux stratégies de la transmission LDrive, dont un frein moteur et un rapport figé, de l'Unitrac contribuent à la sécurité lors des travaux en pente. (©J.M.)
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Le porte-outils autrichien se veut être un véhicule polyvalent par sa capacité à recevoir différents équipements sur son châssis en échelle. Ses quatre roues motrices et directrices le rendent particulièrement agile et maniable pour assurer, en sécurité, les travaux des champs en montagne. Suivez-moi à bord de l’Unitrac 122 doté de la transmission à variation continue LDrive, lors d’un chantier d’épandage de lisier dans des pentes à plus de 20° de dénivelé.

Sous son allure de petit camion, nous pourrions penser que l’Unitrac 122 LDrive du constructeur Lindner n’est pas à l’aise dans les pentes ! Détrompez-vous ! Ce transporteur léger et maniable est aussi agile qu’un bouquetin sur un versant à pic. La montagne est réellement son élément de prédilection. Pour le vérifier, Lindner France nous a donné rendez-vous à Combloux, dans la Haute-Savoie, à 1000 m d’altitude, face au Mont-Blanc, chez Frédéric Chambel, producteur de lait AOP Reblochon. La ferme exploite 150 ha de prairies naturelles, dont une partie en alpage pour le troupeau l’été et une autre pour la récolte des fourrages. Les parcelles pour le foin et le regain s’avèrent, en majeure partie, fortement pentues, avec des dénivelés à l'image d'une piste rouge de ski.

Quand la parcelle est vraiment trop pentue et inaccessible, l’agriculteur utilise le canon de la tonne à lisier pour fertiliser les prairies. (© J.M.)

Utiliser du matériel adapté est une évidence pour cet agriculteur. Comme bien souvent cette année, la météo ne nous a pas gâtés. En ce début de mois de juillet, le soleil restait bien timide, donc impossible d’imaginer ramasser du foin. Grâce à la polyvalence de l’Unitrac, capable de supporter un large panel d’équipements sur son châssis en échelle, l’agriculteur nous propose de le tester à l’épandage de lisier. Nous dételons alors l’autochargeuse au profit d’une cuve de 3 500 L. L’opération nécessite une dépose sur béquilles, qui demande une certaine dextérité. Je laisse Frédéric s’en charger. L’outil s’attelle sur l’Unitrac, supporté par deux poutres principales longitudinales, formant un châssis en échelle. Je l’aide à verrouiller la tonne au châssis et à connecter la prise de force. L’arbre à cardans de cette dernière traverse le transporteur sous l’outil, pour venir se connecter au compresseur à l’arrière.

Un véhicule maniable

À mon tour, je prends les commandes du véhicule afin de reculer vers la fosse à lisier pour remplir la cuve. L’accès au poste de conduite se fait aisément et de façon sécurisée par un marchepied et des poignées. À bord, je suis confortablement installé sur un siège à suspension pneumatique. Si la cabine de l’Unitrac s’apparente à celle d’un petit camion, l’agencement intérieur se rapproche de celui d’un tracteur. À droite, mon bras repose sur l’accoudoir multifonction solidaire du siège. Il me permet de gérer la transmission LDrive et le joystick principal, notamment pour l’hydraulique. J’inverse le sens de marche de la main gauche, au volant, ou de la main droite, au joystick. C’est très appréciable.

Le moteur de 122 ch, associé à la transmission ZF à variation continue, rend clairement le porte-outil nerveux et réactif pour les chantiers de montagne. (© J.M.)

Pour avancer le véhicule, la variation continue se gère uniquement au pied. Une conduite que j’apprécie et qui se montre très précise. Pour les manœuvres, comme dans les champs en pente, j’active la gamme tortue limitant la vitesse, ce qui me permet d’être plus précis au pied. À l’aide des commandes sur la console de droite, je peux choisir le régime de prise de force, 540 ou 1 000 tr/min, que j'active ensuite par une simple pression de quelques secondes sur un bouton jaune. Les quelques 4 t supplémentaires supportées par l’engin vont me donner rapidement un avant-goût de la puissance et de la réactivité de la transmission sur le parcours routier bien vallonnée. En sortant de la ferme, j’attaque directement par une montée bien raide. J’enfonce la pédale d’accélérateur à fond pour me lancer. Le porte-outil s’en sort très bien. Je suis même surpris du rendement généré par cette variation continue ainsi que par la nervosité du quatre-cylindres. Je relativise ma comparaison avec celle d’un tracteur qui, sur la bascule, pèse plus lourd que ce transporteur dont le poids à charge avoisine les 8 t.

Les quatre roues directrices facilitent la maniabilité de l’Unitrac dans la cour de la ferme. Sur la route, il faut verrouiller la direction arrière pour rouler au-delà de 20 km/h. (© J.M.)

Une prise en main rapide

Je prends gentiment mes marques, mais, dès le premier voyage, je suis agréablement surpris par la réactivité de la LDrive. Fournie par le spécialiste allemand ZF, cette TMT (Terramatic) bénéficie, comme presque toutes les transmissions de ce genre, d’un premier module hydrostatique et d'un second mécanique. Une fois lancé, le moteur se stabilise à 1 500 tr/min, je roule alors à environ 30 km/h pour prendre mes marques et m'adapter au gabarit. Ludovic Rué, le responsable technique chez Lindner France, me conseille de verrouiller la direction des roues arrière pour le transport, surtout avec le jumelage. Après la traversée du village de Combloux, j’arrive à la parcelle fraîchement fauchée et ramassée la semaine précédente.

Un premier bouton au pied du joystick permet de figer le rapport de la transmission dans les descentes au champ, et un second, représenté par un moteur, génère, par appuis successifs, un frein moteur au transport. (© H.E.)
(© H.E.)

Le bas de la prairie est relativement plat. L’agriculteur me fait signe de monter plus haut. Là, je prends conscience du dénivelé. Nul besoin d’activer le pont avant, le véhicule reste en quatre roues motrices permanentes. Plus je monte, plus ça penche. Je n’ai pas de souci à me faire, je suis face à la montée, et ma cuve est pleine, donc sans ballant ou presque. Sur les bosses de la parcelle, j’apprécie, à travers la vitre arrière de la cabine, le mouvement de l’articulation centrale du châssis. Cette oscillation favorise le suivi du sol des quatre roues du transporteur et évite ainsi au châssis de se tordre. En haut, la parcelle est plus plate. Frédéric m’indique de commencer à épandre ici et d’attaquer tout de suite à la descente, pour profiter de ce que la cuve soit pleine avant de finir en remontant. J’inverse le sens de la pompe à vide, j’ouvre ma vanne à l’aide d’un distributeur depuis le joystick et je règle le régime moteur à 1 300 tr/min. Au préalable, je repasse en mode tortue, et j'ajuste la vitesse maximale de l’engin, gage de sécurité, à 9 km/h. J’avance et me cale à 4 km/h, puis valide cette consigne par un double-clic sur la molette de la transmission LDrive, sur l’accoudoir.

En cabine, le chauffeur se sent en sécurité avec une vraie ceinture, comme dans une voiture, et la visibilité sur l’avant est totale. (© J.M.)

Des arguments pour les pentes

J’arrive rapidement dans la descente. La masse du transporteur fait monter gentiment le moteur dans les tours. Un bouton au pied du joystick, sur l’accoudoir, me permet de figer le rapport de la variation continue. Cela stabilise le régime, retient l’Unitrac dans la pente et évite à la pompe à vide de subir l’élévation du régime moteur. Cette fonction est, ici aussi, gage de sécurité. Si la pente s’accentue, je peux évidemment utiliser les freins à l’aide de la pédale. Lorsque j'atteins le bas de la parcelle, les quatre roues directrices et le jumelage me permettent de faire demi-tour en toute sécurité, dans un mouchoir de poche. Je termine la vidange du tonneau à la montée et prends gentiment mes marques.

Le jumelage d’un ou des deux ponts du transporteur augmente la stabilité et l’adhérence dans les prairies en forte pente. (© J.M.)

J’enchaîne quelques voyages et me prends vite au jeu avec cet engin très agréable à conduire. Dans les descentes sur route, en charge comme à vide, j’utilise le frein moteur en appuyant plusieurs fois sur un bouton rouge présent sur l’accoudoir. Cette action vient augmenter la cylindrée de la pompe du module hydrostatique de la LDrive et générer du frein moteur. Là encore, je suis surpris par la capacité de ce ralentisseur, qui m’évite parfois d’avoir à utiliser la pédale de frein sur mon parcours. L’agriculteur me voit au volant avec le sourire et m’indique toutefois que cette parcelle est « gentille » ! Je comprends vite que d'autres sont plus coriaces. Une chose est sûre, les caractéristiques de son châssis font de l'Unitrac un engin adapté au dénivelé. La transmission à variation continue apporte son jeu de souplesse et garde néanmoins de la nervosité dans les montées et de la retenue en descente. De quoi travailler sereinement à la montagne.  

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