Terminé la poussière, les nuisances sonores dans la stabulation et l’astreinte deux fois par jour pour l’éleveur. Depuis début 2022, un robot d’alimentation Triomatic WP 2-300, du Néerlandais Trioliet, assure la distribution des deux rations quotidiennes en foin et regain aux cornadis des 200 bovins du Gaec Maire.
« Avant, j’utilisais une autochargeuse attelée derrière un tracteur avec laquelle je rentrais dans le couloir d’alimentation. Il me fallait plus d’une heure pour affourager tous les animaux », se souvient Julien Maire.
Ce jeune agriculteur est installé avec son père, Jean-Michel, et son oncle, Yves, sur la commune des Fins, dans le Haut-Doubs, non loin de la frontière suisse. Afin de respecter le cahier des charges des AOC « Comté » et « Morbier », la ration de base des 80 montbéliardes repose uniquement sur du foin et du regain. Le Gaec exploite 124 ha, répartis entre des pâtures, des prairies de fauche et quelques hectares dédiés aux céréales.
« Il y a deux ans, nous avons arrêté les balles rondes au profit du mode de récolte en vrac, pour le foin et le regain. Cette stratégie de récolte, de stockage et de séchage ((ok ?)) du fourrage en cellules s’intègre pleinement dans l’idée d’automatiser l’alimentation de notre troupeau laitier et leur suite », souligne l'agriculteur.
Investissement bien réfléchi
« Je souhaitais me délester de cette tâche qui se répète deux fois quotidiennement, sans pour autant être stressé ou esclave d’un système mécanisé et automatique mal adapté à notre installation. L’investissement s’est fait après une bonne réflexion et la certitude qu’il fonctionnerait parfaitement dans notre structure. Aujourd’hui, j’ai assez de recul pour être pleinement satisfait de notre choix », se réjouit Julien Maire.
Cette solution devrait également rassurer le jeune éleveur pour les années à venir, lorsque ses associés seront partis en retraite, et faciliter le travail au quotidien avec un futur partenaire. L’implantation bout à bout du bâtiment d’élevage et de celui de stockage, sur une surface plane et bétonnée, facilite la navigation du robot. Alimenté par un rail électrique, un peu à l’image d’un pantographe de train, fixé sous la charpente, le Triomatic repose au sol sur quatre roues. Deux d’entre elles sont motrices, et les deux autres directrices. D’une capacité de 3 m3, le bol compte deux vis qui assurent le mélange et, surtout, facilitent la vidange sur un tapis transversal de déchargement. Le Triomatic dispose également d’une jupe en forme de triangle s’abaissant au sol.
« J’ai programmé des passages du robot durant la journée et la nuit pour qu’il repousse le fourrage aux bêtes, en plus des passes de distribution. »
Un programme facile à modifier
Julien Maire peut prendre le contrôle du robot à tout moment, directement depuis l’écran tactile positionné sur l’avant du Triomatic, voire sur son smartphone. En effet, une application Trioliet lui permet de modifier la quantité d’une ration ou d’en supprimer une, ou encore d’ajouter ou mettre en pause un cycle pour repousser le fourrage. Julien a programmé les distributions destinées aux vaches laitières au moment de la traite, chaque matin et chaque soir. Les jeunes bovins, eux, en ont une seule durant la journée.
« Avant chaque traite du soir, je vais dans le bâtiment de stockage et, à l’aide de la griffe à foin, je remplis en 10 minutes le grand bol de 28 m3 appelé “la cuisine”. Celui-ci est dédié à la préparation de la ration en mélangeant le foin et le regain. »
Ce bol se compose de deux vis dotées de couteaux, tandis que les contre-couteaux, montés à sa périphérie, favorisent la découpe des fibres en brins de 10 à 15 cm de long.
« Le mélange permet d'éviter que les vaches laitières ne trient trop le bon regain du foin. Il y a moins de refus aux cornadis, et les animaux valorisent ainsi mieux toute la ration. »
Quant aux aliments concentrés, les vaches s’alimentent au DAC (distributeur automatique de concentrés). En moins de 10 minutes, la ration mélangée est prête, avec environ 1 500 à 1 700 kg de fourrage pour les laitières. Le robot Triomatic est programmé pour venir se positionner sous le convoyeur de chargement du grand bol et recevoir environ 120 kg à chaque distribution. Il lui faut entre 3 et 4 heures pour apporter une ration aux vaches laitières et le même temps pour les génisses. Le Triomatic effectue un ballet de plusieurs allers-retours de la cuisine à l’auge.
« J’ai programmé mes différentes rations en poids pour un total d’animaux. Je peux ensuite moduler en pourcentage si j’ai plus ou moins de têtes à nourrir, ou si les bêtes sont plus jeunes, nécessitant donc moins de fourrage. »
2 € d’électricité par jour
Pour gagner en autonomie, l’éleveur dispose d’un tapis d’attente sur lequel il peut stocker environ 1 200 kg de foin et regain. Il est programmé pour se vider dans le bol de 28 m3 le matin vers 10 h 30 afin d’assurer la préparation de la ration des génisses.
« Je bénéficie de la pesée sur la griffe à foin. Cela me permet d’être précis dans mes préparations. Le tapis est un réel avantage, car il me libère complètement de la tâche de la distribution de la ration de base à nos 200 animaux. Le week-end ou même en semaine, si je dois m’absenter, je suis serein. De toute manière, au moindre souci, je suis averti sur mon téléphone, et cela arrive très rarement. »
Durant la période estivale, les vaches comme les génisses pâturent. Les laitières reçoivent une petite quantité de fourrage aux cornadis lors de la traite. C'est au cours de la période hivernale, de fin octobre à la mi-avril, que le Triomatic est le plus utilisé.
« Avec notre ancien système de distribution, qui réclamait un tracteur et une autochargeuse, je consommais 150 L de GNR toutes les trois semaines. Aujourd’hui, j'ai plus de liberté et moins de fatigue, et le coût de l’énergie revient à 2 € par jour d’électricité », se félicite l’éleveur.