« Le déchaumeur avec des disques reliés par chaînes est une technique qui m’a longtemps attiré, car elle est efficace en surface, à moindre coût et offre un très bon débit de chantier », explique Cyrille Pera, agriculteur et entrepreneur à Auvillar (Tarn-et-Garonne), à la frontière avec le Gers. En effet, adepte de l’importation de matériels, en particulier ceux d’outre-Atlantique, il se renseigne régulièrement sur les techniques et outils utilisés par les agriculteurs à l’étranger qui pourraient s’appliquer à son exploitation. C’est ainsi que son regard s’est posé sur le déchaumeur à disques sur chaînes, très répandu en Australie où cet outil est appelé « Kelly Chain », du nom de l’entreprise qui l’a massivement distribué.
Cependant, Cyrille Pera a dû attendre 2022 pour qu’une entreprise européenne propose ce type d’appareil, le brevet ayant été racheté. « L’importation d’une herse Kelly originale était trop coûteuse, et le marché de l’occasion gonflé par sa rareté. J’ai donc saisi l’opportunité lorsque Dal-Bo l’a ajouté à son catalogue pour investir dans ce type de machine », indique l’agriculteur. C’est ainsi qu’il fait l’acquisition, cette année-là, de la version signée du Danois Dalbo, optant pour un modèle Powerchain 800 de démonstration – l’unique choix possible à l’époque. Celui-ci affiche, comme son nom le suggère, 8 m de largeur de travail, est employé sur une surface de 300 à 500 ha par an selon le nombre de passages à effectuer. Cyrille Pera l’utilise en grande majorité pour les faux-semis après la moisson ainsi que pour le déchaumage superficiel, mais pas seulement. « Je m’en sers également pour détruire mes couverts, car l’angle d’agressivité des disques déracine efficacement la culture. L’appareil s’avère aussi très performant pour casser les cannes de maïs », ajoute-t-il.
Un outil simple
Le principe du Dalbo Powerchain est simple et se compose de quatre chaînes à disques, reliées autour d’une poutre centrale sous la forme d’un losange. Cette disposition vise à obtenir un angle d’attaque important des disques afin de déraciner en surface puis d’émietter, et non de travailler en profondeur.
Pour cela, chaque chaîne accueille de 31 à 35 disques de 30 cm de diamètre, soit un total de 124 à 140 pièces travaillantes sur la machine.

Chacun de ces disques, en forme de coupole à la périphérie lisse, peut être lesté de masses individuelles de 2,4 kg pour faciliter leur pénétration dans les sols les plus durs. Il est possible d’ajouter jusqu’à trois masses par disque grâce à un boulonnage. Les chaînes sont reliées au châssis d’un côté par un vérin et de l’autre par un maillon. La tension des chaînes est assurée par quatre vérins (un par chaîne) amortis par boule d’azote. « Je règle et surveille la tension depuis la cabine grâce aux manomètres présents sur la machine et sur les distributeurs hydrauliques », explique Cyrille Pera.
La profondeur de travail, réglable de 2 à 5 cm, est maintenue par une roue de jauge de chaque côté s’ajustant manuellement à l’aide d’un tirant sous la forme d’un troisième point.
Si, une fois replié, cet outil semi-porté affiche une largeur de 3 m conforme au gabarit routier, sa longueur totale de plus de 10 m s’avère néanmoins imposante.
Un travail superficiel à bas coût
« Un déchaumeur à disques indépendants [DDI] d’une telle largeur aurait des difficultés pour suivre le sol à la perfection, ce qui m’obligerait à travailler plus profond, tandis que le déchaumeur à chaînes suit parfaitement le dévers. Dans mes terres vallonnées, c’est un réel avantage, car la profondeur de travail, bien que superficielle, est la même sur toute la largeur. De plus, le DDI doit travailler profondément pour être efficace sur toute la surface de travail, contrairement au Powerchain », détaille Cyrille Pera.
L’agriculteur attelle son outil au seul tracteur de l’exploitation, un John Deere 8RX 370 largement surdimensionné puisque le Powerchain 800 ne requiert pas un grand nombre de chevaux au mètre. Contrairement à d’autres types de déchaumeurs qui demandent de la puissance pour travailler efficacement à une vitesse élevée, ce modèle à chaînes s’avère peu tirant et peut, selon le constructeur, être emmené dès 180 ch. Dans les terres en coteau de Cyrille, il faudrait tout de même compter un peu plus. « Le travail est plus propre autour de 10 km/h et lorsqu’il est en travers, pour mieux niveler le sol », témoigne-t-il. À ce rythme, malgré sa puissance bien trop élevée, le John Deere affiche une consommation moyenne de GNR de 3,5 L/ha. Loin d’être à la peine, il offre aisément un débit de chantier de 9 ha/h. « Les quatre chenilles dont il est équipé limitent le tassement du sol qu’engendre le poids d’un tel tracteur. Il ne laisse d’ailleurs aucune trace de passage de roues derrière le déchaumeur », souligne l’entrepreneur.
L’entretien de l’outil s’avère également économique et plus simple qu’un déchaumeur à disques indépendants. Certes, le Powerchain ne dispose que de quatre paliers aux extrémités des chaînes, ce qui rend le changement des disques « plus délicat » d’après Cyrille. Mais comme la différence de prix entre le remplacement de quelques-unes de ces pièces et celui de la chaîne entière n’est pas significative, l’agriculteur préfère la seconde option, car l’opération est bien plus simple.
Des pistes d’amélioration
S’il est satisfait de son investissement, Cyrille Pera trouve tout de même quelques défauts à sa machine : « Des débris s’accumulent parfois sur la partie centrale avant du déchaumeur, au niveau du croisement des deux chaînes, ce qui provoque des bourrages. Et, après le passage, il peut arriver qu’une tranchée ou un billon apparaisse au centre de l’appareil. Je pense que l’installation de deux petites chaînes supplémentaires positionnées à ces endroits effacerait ce problème », estime-t-il l’agriculteur. À l’époque où il a acquis son Powerchain, seule la largeur de 8 m était disponible. Aujourd’hui, s’il devait le renouveler, l’agriculteur passerait a minima sur un modèle de 12 m pour gagner en débit de chantier, son tracteur étant largement capable de l’emmener. « Côté finition, conclut-il, j’apprécierais l’apparition de protections en téflon pour le châssis, car les disques frottent sur les poutres quand elles sont repliées. J’aimerais aussi installer une trémie sur mon déchaumeur. Cette option existait déjà, mais mon modèle n’en était pas équipé. L’ajout d’une trémie me permettrait d’implanter un couvert, une culture ou tout autre produit lors de mon passage de déchaumage. » Dal-Bo propose des capacités de 300 à 500 L avec une distribution entre les rangées de chaîne avant et arrière afin de recouvrir les semences. En résumé, Cyrille Pera est un des premiers à avoir investi dans un déchaumeur à disques sur chaînes en France. Son pari est pour le moment tenu, avec des déchaumages superficiels réussis et un coût d’utilisation réduit par rapport à d’autres types de déchaumeurs.
À lire aussi : Un rouleau Dal-bo à lames tranchantes