Labourer 251 ha en 24 heures, rien que ça ! C’est l’exploit réalisé en 2002 – un record à l'époque – par Massey Ferguson avec un 8280 Xtra, modifié pour l’occasion (voir encadré). C’est ce même modèle, cantonné à ses 288 ch, que Guillaume Lyon a acquis il y a quatre ans. Agriculteur dans le Cher, ce dernier exploite 320 ha de céréales et 160 ha de prairie avec un troupeau de 110 vaches allaitantes. « J’ai saisi l’opportunité, car le prix proposé, comparé à sa puissance de près de 300 ch, défiait toute concurrence, raconte l’exploitant. De plus, le propriétaire l’entretenait très bien, d’où son état irréprochable après plus de vingt ans de service. »

Acheté avec 4 600 heures au compteur, le tracteur de 2004 effectue environ 400 heures par an, de quoi le conserver en bon état. Sur l’exploitation, le youngtimer effectue les travaux de traction avec, notamment, une charrue Grégoire Besson de huit corps semi-portée sur chariot et un déchaumeur à dents Horsch Terrano semi-porté de 5 m de large. « Le 8280 est taillé pour les travaux de traction. Avec ses pneumatiques de 650 mm de large gonflés à l’eau, il approche les 11 t, explique Guillaume Lyon. Nous lui ajoutons des masses de 900 kg, et il est paré pour les travaux. »

Un moteur Sisu de près de 300 ch
Le 8280 Xtra est animé par un six-cylindres turbocompressé Sisu, aujourd’hui Agco Power, de 8,4 L. Sa dénomination « Xtra » se réfère aux nouveaux types d’injection et d’intercooler déployés à l’époque. Ces éléments lui confèrent une plage de puissance, dite « constante », de 1 800 à 2 000 tr/min, d’après la brochure en papier.

Le constructeur mettait également en avant la réserve de couple importante du moteur et sa capacité à fournir sa puissance maximale au régime normalisé de la prise de force. Le bloc développant 288 ch sur le 8280 Xtra est associé à une transmission full-powershift. Baptisée « Powershift Plus », celle-ci dispose de 18 rapports avant et 8 arrière, et permet d’atteindre une vitesse maximale de 40 km/h. « La transmission est moins souple que la semi-powershift Dyna-6 par exemple, mais on sent vraiment la puissance brute du tracteur, note l’agriculteur. N’ayant pas les normes antipollution des moteurs d’aujourd’hui, il répond tout de suite aux sollicitations. » Cette transmission demande cependant de bien faire chauffer le youngtimer pour que son huile atteigne une bonne température et ne rende pas les passages de rapport difficiles. « Au labour, le 8280 consomme entre 13 et 15 L/h et, au déchaumage, aux alentours de 10 L/ha, estime l’exploitant.

Il fait également du transport, mais ce n’est pas là son travail de prédilection. » Côté entretien, le tracteur a bénéficié récemment d’une vidange de ponts et de ses réducteurs. « C’est un tracteur qui ne me coûte presque rien : pas d’annuités, uniquement les frais d’entretien courants qui sont mineurs, apprécie Guillaume Lyon. Plus il vieillit, plus il faut le surveiller, mais on le ménage le plus possible. Il fait moins de 450 heures par an. » Pour le préserver, l'agriculteur a acquis un autre tracteur de forte puissance fraîchement acquis, un Massey Ferguson 8732 Dyna-VT.
Simple mais complet
En cabine, le Massey Ferguson 8280 Xtra profite d’un accoudoir solidaire du siège pneumatique, désormais la norme dans les tracteurs actuels. Cet accoudoir accueille le levier de transmission doté des positions frein de parking et neutre. Une troisième position permet d’effectuer les impulsions, vers l’avant pour passer un rapport et vers l’arrière pour en descendre. Le conducteur peut également gérer la full-powershift via l’inverseur PowerControl, à gauche du volant. Maintenue sur les modèles actuels du constructeur, cette fonction autorise le passage de rapport sous charge dans les deux sens de marche. Toujours sur l’accoudoir, un joystick est alloué à la gestion de deux distributeurs électro-hydrauliques. « Ce joystick à portée de main est particulièrement pratique au labour, précise Guillaume Lyon. Je retourne et baisse le chariot facilement. »

Deux autres distributeurs, l'un électro-hydraulique et l'autre à commande mécanique, sont disposés à droite du chauffeur et se pilotent de façon plus classique. Le relevage arrière bénéficie d’une gestion électronique lui permettant d’accéder au contrôle d’effort ainsi qu'au réglage d’une butée haute et d’une vitesse de descente. Massey Ferguson proposait déjà une suspension de son relevage pour limiter les secousses et contraintes sur la route ou dans des chemins accidentés. Le Dual Control, véritable innovation à l’époque qui équipe toujours les gammes actuelles, facilite l’utilisation d’outils combinés à l’avant et à l’arrière. Au labour, il permet, par exemple, de contrôler en simultané les relevages avant et arrière. Le Massey Ferguson 8280 Xtra bénéficiait de technologies de pointe, à l’image du terminal Datatronic II. À l’aide du radar intégré, ce dernier pouvait afficher le pourcentage de patinage, la consommation, les surfaces travaillées… « Malgré ces possibilités, c'est un tracteur qui reste simple d’utilisation, l’idéal pour que mes apprentis ou stagiaires puissent le prendre en main rapidement », conclut l’agriculteur.