Malgré les premiers résultats d’études menées par la filière, il est encore difficile de déterminer précisément l’impact de la présence de l’installation agrivoltaïque sur le rendement, la qualité des récoltes ou la croissance des animaux. Pourtant, il faut faire des choix techniques dès aujourd’hui pour lancer cette jeune filière. Plusieurs experts et agriculteurs ont exposé leur point de vue lors d’une conférence organisée par Photosol au cœur du Salon de l’agriculture.
Des premiers résultats en arboriculture et vigne
Le principal avantage et inconvénient à la fois d’une installation agrivoltaïque est l’ombre générée par les panneaux. Alizée Loiseau, du cabinet de conseil Agrosolutions, confirme le manque de références en France : « Nous avons des tout premiers retours en pâturage ovin, en arboriculture et en vigne. Cependant, il y a très peu de données en grandes cultures et en pâturage bovin qui représentent pourtant une grande partie de l’assolement en France ». L’experte considère qu’il est difficile d’extrapoler les résultats des autres pays aux modèles et conditions pédoclimatiques locaux.
Christian Courtier est producteur de petits fruits rouges et de raisin de table et porteur d’un projet agrivoltaïque en Haute-Marne initié il y a 4 ans. Si elle sort de terre, sa ferme solaire devrait protéger ses productions des aléas climatiques extrêmes et faire office de support pour la pose de filets ou gouttières. Question références, il a analysé les études menées par l’institut Agroscope en Suisse. Il prévient : « Les résultats sont encourageants, mais il faut poursuivre les tests. Attention à ne pas se focaliser que sur le rendement. Il y a aussi le calibre, le taux de sucre, la couleur qui sont des paramètres de qualité majeurs. »
Photosol et l’Inrae suivent la dynamique prairiale
Depuis 2020, Photosol et l’Inrae – Urep se sont associés afin d’analyser les effets des panneaux photovoltaïques sur les prairies pâturées. Deux sites sont étudiés dans l’Allier et le Cantal depuis 3 ans. Ainsi, on observe un maintien de production cumulée de biomasse, avec un étalement de la ressource fourragère sur l’année. « L’herbe pousse plus tôt au printemps et plus tardivement à l’automne sous les installations, le pic de la pousse de l’herbe au printemps est quant à lui moins élevé en zone agrivoltaïque. Il y a également un effet protecteur en été. On observe aussi que les graminées prennent le dessus sur les légumineuses dans les zones d’ombrage mais que le niveau de protéine du fourrage est malgré cela maintenu. Les animaux affichent une croissance stable et les agneaux ont un poids en moyenne plus élevé de 3 à 5 kg », précise Cyrille Bouhier de L’Ecluse, directeur du pôle agricole chez Photosol. Ces premières données dégagent une tendance qui devra être confirmée dans la durée.
Un observatoire pour assurer le suivi
La loi relative à l’agrivoltaïsme et les différentes annonces du Gouvernement ont confirmé la nécessaire acquisition de références robustes et son suivi. L’Ademe va collecter l’ensemble des suivis annuels qui sont à réaliser par les gestionnaires de parcs agrivoltaïques afin de les agréger et de déterminer les meilleurs pratiques et technologies agrivoltaïques. L’ADEME devra aussi déterminer les technologies dites éprouvées permettant un maintien de la productivité agricole. L’analyse de ces données compilées au sein d’un observatoire sera utile pour faire grandir la filière. « Ce qui est intéressant, c’est la mise en place de ce suivi au travers d’indicateurs qui vont être fixés. L’acquisition de références pour chaque territoire est essentielle », conclut le représentant de Photosol.