Pour réussir sa transition, l’agriculture française doit relever des défis majeurs auxquels l’agrivoltaïsme peut apporter des réponses. Il s’agit de concourir à la souveraineté énergétique et alimentaire de la France, de freiner le changement climatique et de s’y adapter, d’étendre les pratiques agroécologiques... Il n’y aura pas non plus de transition sans agriculteurs et agricultrices qui puissent vivre décemment de leur métier. La pérennité économique des exploitations et le renouvellement des actifs agricoles sont deux autres enjeux cruciaux.
Le solaire au service de l’agriculture
Pour Gabriel Brezet, codirecteur du Business développement chez Photosol, l’agrivoltaïsme est une « solution parmi d’autres qui contribue à la transition agricole. Et ce n’est pas une menace pour la souveraineté alimentaire, une crainte fréquemment exprimée ». Selon les estimations, pour atteindre l’objectif de 100 GW de capacité de production solaire installée en France d’ici à 2050, l’agrivoltaïsme concernerait au maximum 0,2 à 0,3 % de la surface agricole française. Cependant, l’agrivoltaïsme peut apporter de la solidité aux exploitations et même les rendre plus « désirables » auprès des nouvelles générations d’agriculteurs et d’agricultrices. Ce fut le cas pour Valérie et Hortense, mère et fille, et bientôt associées.
Dans l’Allier, une transmission facilitée
En 2017, Valérie s’est inscrite au Répertoire départemental de l’installation (RDI) afin de trouver un repreneur ou repreneuse pour son élevage de bovins bio, engraissés exclusivement à l’herbe en pâturage tournant sur 110 hectares de prairies. « J’étais très soucieuse du devenir de la ferme, craignant qu’elle ne parte à l’agrandissement », se souvient l’éleveuse. Sa fille Hortense, alors lycéenne, ne se projetait pas dans une éventuelle reprise.
L’annonce fait chou blanc, Valérie se rend compte que sa ferme n’est pas attractive. « J’ai envisagé plusieurs hypothèses de diversification, la vente directe et puis la production d’énergie », relate-t-elle. Attachée aux entreprises françaises, elle contacte Photosol avec des exigences précises en tête. Valérie a déjà identifié un ilot, elle veut une installation réversible, dépourvue de béton dans le sol, qui préserve les haies et les arbres. Après étude, Photosol confirme l’intérêt technico-économique. C’est le déclic pour sa fille Hortense qui décide de reprendre la ferme familiale. D’autant plus que le projet d’agrivoltaïsme est compatible avec son envie de créer un atelier ovin.
L’enjeu du renouvellement des générations
Maxime Pawlak est co-fondateur d’Eloi, une entreprise à mission qui accompagne les agriculteurs cédant leurs fermes et les porteurs de projets. Le spécialiste de la transmission et installation confirme l’importance d’adapter les fermes à une demande qui évolue. Le défi est immense car 200 000 fermes vont changer de main dans les 10 ans. Eloi a constitué une communauté de 4 000 porteurs de projet, prêts à bouger de région si l’exploitation colle à leurs attentes. « Nous sommes sollicités par certains d’entre eux sur l’agrivoltaïsme et inversement nous le proposons aussi », ajoute-t-il. Pour assurer un développement responsable, Eloi a d’ailleurs signé une charte d’engagement avec Photosol qui garantit qu’une partie des bénéfices issus des centrales au sol finance des pratiques agroécologiques.
Il faudra encore un peu de patience avant que la centrale de Valérie et Hortense voie le jour, pourtant la jeune fille regarde son avenir plus sereinement. « Les perspectives pour l’agriculture sont incertaines. Mais je pense que les systèmes vont évoluer. Notre génération va apporter une vision nouvelle », conclut Hortense.